Après les faux steaks hachés, des escalopes gorgées d’eau distribuées aux plus démunis

Santé-Ecologie
Publié le 10 septembre 2019
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a ouvert une enquête sur des escalopes de poulet surgelées distribuées aux associations par France AgriMer, l’organisme national également mis en cause dans l’affaire des faux steaks hachés. (source: Marianne)

Cette fois-ci, la cavalerie n’est pas arrivée après la bataille. Ce lundi 9 septembre, nos confrères de RTL annonçaient que la DGCCRF, les services de l’État chargés de la répression des fraudes, notamment alimentaires, avait ouvert une enquête sur des escalopes de poulet surgelées. Son labo a en effet identifié que ces produits, distribués depuis le milieu de l’année 2018 dans le cadre du Fonds européen d’aide aux plus démunis (Fead), présentent une teneur en eau supérieure à la norme européenne.

LA DGCCRF SUR LE QUI-VIVE

Alors que les services de l’État avaient clairement été montrés du doigt en juin dernier lors de l’affaire des faux steaks hachés de bœuf, également distribués via ce dispositif aux quatre associations (Resto du Cœur, Banques alimentaires, Secours Populaires, Croix rouge), et notamment par un rapport sénatorial de Fabien Gay, la DGCCRF a eu ici un coup d’avance. « Nous n’avons pas eu de réclamations », confirme Jacques Bailet, le président des Banques Alimentaires.

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Et de fait, personne ne s’est plaint de ces escalopes, contrairement aux steaks importés de Pologne qui, eux, avaient fait l’objet de plusieurs remontées de la part des associations avant que les services de l’État ne finissent par réagir. Ce que les représentants des associations avaient unanimement résumé devant la mission sénatoriale en un cinglant « On s’est retrouvés seuls, sans instructions de la part des administrations ».

L’affaire, elle, n’étonne pas Fabien Gay : «Nous avions dit que cela allait se reproduire. Eh bien, avec ce nouveau scandale, c’est fait », s’insurge l’élu communiste. Contactée, l’entreprise Dhumeaux, qui a remporté l’appel d’offres sur les escalopes de poulets surgelées de la part de FranceAgrimer, l’organisme d’État qui gère le budget du FEAD, se défend. « Nous ne sommes pas d’accord avec la DGCCRF. Elle n’a rien dans le dossier. Elle fait une interprétation technique », plaide Annie Pedrosa, la directrice en charge du dossier.

LA TECHNIQUE DU GLAZURAGE

Pour Dhumeaux, il n’y a donc pas de problème. « Oui, nous avons ajouté de l’eau. C’est la technique du glazurage, une technique de conservation. Mais on a mis plus de matière. Bref, on a compensé en poulet tout ce qui a été ajouté en eau », poursuit Madame Pedrosa. Et de fait, selon nos informations, cette technique qui vise à envelopper le produit surgelé d’une pellicule d’eau pour une meilleure conservation n’est pas interdite pour les volailles surgelées du point de vue réglementaire. Non plus par le cahier des charges de FranceAgrimer qui ne l’exclut pas explicitement, contrairement au lot relatif au poisson congelé qui le mentionne.

Autre point du dossier, l’information du consommateur : Dhumeaux a-t-il précisé sur l’étiquette le poids net du produit une fois privé de son eau, après décongélation, poids net qui, selon les dires de l’entreprise, serait in fine en phase avec le cahier des charges ? Une information capitale puisque, selon nos informations, la quantité d’eau trouvée excède le taux de 2% qui est propre au glazurage. « Il y a un trou dans la raquette, sur cette question pour les viandes de poulet », concède-t-on finalement chez Dhumeaux.

En attendant, les pouvoirs publics sont toujours à la traîne pour clore l’épisode 1 des steaks hachés. Des centaines de tonnes encombrent encore les congélateurs des associations. Avec à la clé, pour elles, des centaines de milliers d’euros de coûts de stockage. Autre problème, comme le révélait Marianne en juillet dernier, les pouvoirs publics ne se sont pas assurés que ces produits, une fois récupérés par Voldis et son sous-traitant polonais, seront bien détruits afin qu’ils ne se retrouvent pas dans le circuit de distribution quelque part plus à l’est, en Russie par exemple.

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