Publié le 16 mai 2016
Qu’as-tu fait toi que voilà,
pleurant sans cesse,
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ? (Paul Verlaine)
Je dirais plutôt:
Qu’ont-ils fait, eux que voilà,
Grondant sans cesse,
Dis, qu’ont-ils fait, eux que voilà,
De ta jeunesse ?
Ma jeunesse, passée au bord d’un frais cours d’eau, dans un joli village du Pays Basque !
Souvenir, souvenir…
Ma mère, sa canne à pêche en main, guettait l’ablette imprudente ou affamée. Quelques fois la perche magnifique qu’elle attendait longtemps…
Ces goujons, qu’avec mon épuisette j’essayais d’attraper, pour les renvoyer aussitôt dans leur élément…
Les bulles, crevant à la surface de l’eau, signalaient des anguilles nombreuses enfouies dans la vase: Oh la belle matelotte d’anguilles !
Le canotage et ses péripéties lorsqu’on décidait de rejoindre le » le grand large, la Nive et d’aller pique- niquer dans …l’ILE ! »
La descente avec mon père par un cordage attaché au vieux figuier pour, traversant le canal, rejoindre la Nive en passant par l’écluse.
Et cette même écluse dont les portes étaient ouvertes ou fermées par Koxe, suivant l’étiage, pour éviter les méfaits des crues.
Ma mère, ou mon père,devant leur chevalet, croquant avec leurs pinceaux telle ou telle vue de ce canal ombragé par de grands arbres où les oiseaux nichaient, et au-dessus duquel, le soir, les martinets passaient en vol plané: on disait…Ils chassent !
Les poules d’eau avec leurs petits, les hérons, quelques grues, des canards sauvages, toute une encyclopédie pour l’enfant et l’adolescente que j’étais.
Les eaux du canal étaient aussi utiles en cas d’incendie. Je me souviens de la chaîne que nous avions formée avec nos seaux pleins d’eau, qui, de main en main, arrivaient à la pompe afin d’éteindre au plus vite l’incendie de la grange des demoiselles Larroulet !
O Rage, O désespoir, O vieillesse ennemie,
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
O bulldozers ennemis…
Que de crimes ne commettons pas en ton nom ?
Colette TREBUCHET (maison Mokopeita)
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