Publié le 2 juin 2020
S’il est encore trop tôt pour s’enthousiasmer, c’est une belle victoire d’étape obtenue par l’UFC-Que Choisir et ses alliés du Bureau Européen des Unions de Consommateurs en vue d’une alimentation plus saine et durable. En effet, en dévoilant sa feuille de route sur la nouvelle stratégie alimentaire – « de la ferme à la fourchette » – la Commission européenne a répondu à bon nombre de nos appels : Nutri-score, lutte contre les pesticides, traçabilité, antibiorésistance, la Commission fait enfin preuve d’un peu d’ambition.
En effet, loin de répondre au lobby agroalimentaire, l’exécutif européen prône la mise en place d’un étiquetage nutritionnel simplifié obligatoire en face avant des produits alimentaires d’ici fin 2022. Si la date est tardive et que le Nutri-score, plébiscité par plusieurs Etats membres, n’est pas (encore) explicitement cité, c’est clairement une avancée majeure en termes d’information des consommateurs et de lutte contre l’excès de gras, de sucre, de sel dans l’alimentation… Notre initiative citoyenne européenne pronutriscore (retirée en raison du Covid et de la dynamique enclenchée auprès de toutes les parties prenantes) n’est pas passée inaperçue… Loin de là ! En termes d’information des consommateurs, la Commission entend également avancer sur une généralisation de l’obligation d’afficher l’origine des produits alimentaires, ainsi qu’un étiquetage environnemental. S’agissant des pesticides, elle prône une réduction de 50% de leur utilisation (certes d’ici 2030 !…) et le renforcement des exigences environnementales lors de leur autorisation ainsi que l’amélioration du suivi statistique de leur utilisation. Enjeu majeur de santé publique également, l’antibiorésistance n’échappe pas au radar européen avec un objectif ferme de réduction de 50% des ventes destinées à l’élevage et l’aquaculture…
Des objectifs concrets et ambitieux certes, mais ne voyez pas dans ce billet un plein satisfecit de ma part : plusieurs dates butoirs sont bien tardives (souvent 2030), parfois la Commission se contente de fixer des objectifs certes ambitieux mais sans définir les modalités concrètes, et elle compte enfin encore souvent sur l’autorégulation des professionnels (marketing notamment)… Mais quand même, dans un domaine aussi crucial que l’alimentation, la Commission ne semble plus prête à nous faire avaler n’importe quoi. Reste maintenant à concrétiser cette feuille de route et à l’articuler avec les autres politiques européennes : la PAC bien sûr, mais aussi la politique commerciale et ses accords de libre-échange à haut risque !
Alain Bazot
Président de l’UFC – Que Choisir
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