Publié le 16 juin 2019
Le gouvernement a annoncé jeudi 13 juin qu’il va saisir l’Agence de sécurité sanitaire après la publication d’un rapport commandé par le WWF montrant qu’une personne ingère jusqu’à 5 grammes de microplastiques par semaine, soit le poids d’une carte de crédit. Denis Sergent,
Que dit cette étude ?
Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a commandé et cofinancé un rapport intitulé « Plastic Diet » auprès de l’université de Newcastle (Nouvelle-Galles du Sud, Australie). Publié le mardi 11 juin, c’est en fait une synthèse de 52 études elles-mêmes déjà publiées dans des revues à comité de lecture.
Principal résultat : « Un humain ingère chaque année des dizaines de milliers de microparticules de plastique », résume le responsable de l’étude, Thava Palanisami, interrogé par la chaîne australienne ABC. À partir de là, les scientifiques australiens ont essayé d’évaluer le poids précis et ont abouti à quelque 250 grammes par an et par personne, soit l’équivalent d’une carte de crédit ou le contenu d’une cuillère à café, chaque semaine. « Les gens consomment environ 2 000 minuscules morceaux de plastique (de taille inférieure à 1 mm) par semaine », précise Thava Palanisami.
Estimant que la principale source d’ingestion de plastique est l’eau, en bouteille ou au robinet, il pense que cela se fait principalement par le biais de fibres qui pourraient provenir d’activités industrielles se retrouvant dans l’eau de boisson. Le problème, selon lui, est qu’il n’existe pas de système de filtration qui puisse retenir les particules très petites.
Confortant ses résultats, une étude similaire réalisée par l’Université de Victoria (Canada) a été publiée dans le Journal of Environmental Science and Technology la semaine dernière. Analysant 26 documents de recherche, il a révélé que les gens consommaient au moins 50 000 morceaux de microplastique par an.
► Qu’est-ce que les microplastiques ?
« Les microplastiques sont des petites particules de plastique mesurant entre 5 millimètres et quelques centaines de nanomètres, soit 70 fois plus petit que l’épaisseur d’un cheveu », indique Guillaume Duflos, biologiste, sur le site de l’Anses (mars 2019).
On estime que 10 % des plastiques se retrouvent dans les océans. Les plastiques les plus retrouvés dans l’environnement sont le polyéthylène (bouteilles en plastique), le polypropylène (boîtes en plastique alimentaires) et le polystyrène (composant des emballages).
Toutefois le danger potentiel de ces plastiques provient essentiellement des additifs chimiques, ajoutés pour conférer au plastique des propriétés de souplesse, de rigidité ou de résistance au feu.
► Quelles conséquences leur ingestion peut-elle entraîner ?
Les travaux des biologistes parlent d’ingestion de microplastiques, c’est-à-dire d’avaler, d’introduire par la bouche dans les voies digestives. Mais cela ne signifie par pour autant que les plastiques soient absorbés par les cellules de l’intestin.
Il y a en fait un débat entre chercheurs. « Normalement, du fait de leur taille relativement grande, les microplastiques ne pénètrent pas dans les cellules de l’épithélium digestif des animaux et de l’homme », rappelle François Galgani, océanographe biologique à l’Ifremer et coresponsable d’un réseau de surveillance des côtes européennes. En ce qui concerne les nanoplastiques (de l’ordre de 100 nanomètres), en revanche, des chercheurs indiens ont estimé qu’elles pouvaient entrer dans les cellules digestives en culture. « Mais il n’y a pas de preuve formelle », conteste François Galgani.
« J’ai saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pour qu’elle lance une étude détaillée approfondie pour savoir clairement ce qu’il en est pour les Français », a annoncé jeudi 13 juin la secrétaire d’État à la transition écologique, Brune Poirson sur RMC.
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