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Alimentation, transport, textile : comment être décroissants sans trop se priver ?(Marianne)

Santé-Ecologie
Publié le 7 juillet 2022

Se nourrir local, privilégier le train sur la voiture et les vêtements de seconde main… Réussir à vivre et à consommer en limitant son impact énergétique n’est pas insurmontable. « Marianne » vous donne ses trucs et astuces.

ALIMENTATION : DÉLICES D’ICI

Dans les deux épiceries BioDici d’Aix- en-Provence, tout (ou presque) est local ! « Nous proposons un maximum de produits de la région explique la fondatrice, Nathalie Serna. Sinon de France, et en dernier recours de l’étranger, si le produit est éthique. » BioDici affiche 2 000 références de produits fabriqués par 130 producteurs. La viande est issue d’élevages à taille humaine : « Le porc est fourni par la société SVB, qui élève et abat l’animal dans de bonnes conditions. »

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Quant au fromage, « il provient de petites fermes ». Une consommation raisonnable est prônée : « On peut se nourrir correctement sans se priver de tout ! » Bien sûr, cela coûte entre 20 et 30 % plus cher que des produits conventionnels. « Mais nos graines de courge sont aujourd’hui moins chères, car la filière a pu se développer grâce à nos clients. » Un cercle vertueux qui préserve l’agriculture française et l’environnement, d’autant plus que les emballages sont limités au strict nécessaire.

TRANSPORT : MOINS SOUVENT EN VOITURE, SIMONE !

La voiture reste incontournable en France : elle est utilisée par 74 % des habitants pour se rendre au travail (Insee, 2021). Incontournable, mais responsable de plus de la moitié des 31 % des émissions du secteur des transports… « Dans une société décroissante, l’objectif est de réduire la place de la voiture, explique Aurélien Bernier, auteur de l’Urgence de relocaliser (Utopia). L’aménagement du territoire doit favoriser les transports en commun, mais aussi rapprocher les lieux de travail des lieux de vie. » Plus de 66 % des Français vivent à plus de 5 km de leur lieu de travail, et les transports en commun dans les zones rurales sont rares. Les petites lignes de train, qui représentent un tiers des 30 000 km du réseau ferré, « ont été laissées à l’abandon pour des questions économiques. Les plus rentables sont ouvertes à la concurrence pour complaire à l’UE », les autres sont condamnées par le rapport Spinetta, paru en 2018.

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« Si on voulait vraiment limiter la voiture, on redévelopperait les petites lignes, et à un prix accessible », poursuit Aurélien Bernier. Si l’auto n’a pas pour vocation à disparaître, sa production doit être repensée : « Aujourd’hui, ce sont les industriels qui font les choix. Ils vantent la voiture autonome, bourrée d’électronique. Nous allons vers une débauche de technologie ! », déplore-t-il. Il s’agit de définir l’automobile autrement : « La voiture de la société décroissante est simple, robuste, réparable facilement, sans qu’on renonce à la sécurité et à un minimum de confort. » Et produite en France. « Mais, s’il s’agit de relocaliser des productions à l’identique, on passe à côté du principal ! C’est à l’État de réorienter une partie de la production vers la fabrication de moyens de transport collectif et de modifier la production automobile restante. »

TEXTILE : TENDANCE SOBRIÉTÉ

Tissus synthétiques, confection en Asie, l’industrie de la mode pollue. Mais 81 % des Français disent préférer acheter moins pour privilégier un produit fabriqué en France (sondage Ifop 2018), protégeant l’environnement et les emplois. « Le label La Belle Empreinte a mesuré l’impact environnemental de nos vêtements, qui ont en moyenne 95 % moins d’impact sur l’environnement qu’un vêtement confectionné en Asie », explique Claire Alvernhe, qui a fondé Les Hirondelles, en 2018. La marque utilise des rebuts textiles – tissus non utilisés et jetés –, transformés dans quatre ateliers français.

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« La proximité est un facteur de plaisir et de responsabilité », souligne Thomas Huriez, fondateur de 1083, qui propose depuis 2013 des vêtements fabriqués « à moins de 1 083 km de chez vous ». Dans « L’émission pour la Terre », diffusée sur France 2 le 15 octobre 2019, le journaliste Jamy Gourmaud détaillait les 65 000 km parcourus par un jean conventionnel, du champ de coton indien à nos boutiques. « À 1083, sept étapes sur huit sont relocalisées. Il faut créer des produits qui ont du sens ! » Chaque année en France, plus de 10 000 t de vêtements sont jetées. Mais « la prise de conscience environnementale et le souhait de faire une affaire poussent les gens vers la seconde main », note Rémi Antoniucci, directeur de l’enseigne Bis Boutique solidaire. Ses trois établissements parisiens rachètent à des associations et vendent chaque année plus de 250 000 vêtements d’occasion en parfait état.

MAISON : DÉCROISSANCE COLLECTIVE

Avec en moyenne une centaine d’équipements électriques par foyer, les robots ont envahi nos vies. La société Les Biens en commun, créée en 2019, propose de mutualiser au sein d’un immeuble ceux dont on ne se sert qu’occasionnellement : aspirateur, crêpière… « Les appareils sont disponibles dans des casiers connectés, et nous nous chargeons de l’entretien. La praticité est appréciée », explique le fondateur de cette entreprise, Yann Lemoine.

La mutualisation permet de privilégier des appareils résistants. À cause de l’obsolescence programmée, un Français jette en moyenne entre 16 et 20 kg de déchets électriques par an. « Beaucoup de jeunes viennent par souci écologique », note Stéphanie Le Tohic, présidente de Repair Café. L’association, animée par des bénévoles, propose partout en France des ateliers pour donner une seconde vie à nos petits objets. Le taux de réparation effective s’élève à 60 %. « Décroître ne veut pas dire ne rien consommer, mais consommer différemment ! »

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