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Lepage, Mamère, Bové : que pense la vieille garde écolo de la « génération climat » ?

Santé-Ecologie
Publié le 13 novembre 2022

Corinne Lepage

« Aujourd’hui s’ajoute le sentiment d’urgence »

« Il y a toujours eu une frange “radicale” dans la galaxie écologiste : les gens qui étaient dans le Larzac, qui manifestaient contre Creys-Malville… Ce que je n’accepte pas, ce sont les violences sur les personnes, parce que l’écologie est un humanisme. Je regrette les violences des ­manifestations contre la mégabassine de Sainte-Soline, mais mettre ça sur le même plan que le terrorisme, c’est indécent. Il y aurait donc du social-terrorisme quand une manifestation tourne mal ? Ça n’a pas de sens.

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Dans les générations précédentes, c’était l’injustice et l’­illégitimité qui servaient de carburant à la lutte. Aujourd’hui s’ajoute à cela, et ça passe même avant, le sentiment d’urgence. L’idée qu’on les prive de leur avenir. Si j’avais 20 ans, ça me mettrait très en colère, j’aurais l’impression d’une “non-assistance à planète en danger”. »

Noël Mamère

« Lorsque nous arrachions des plants d’OGM, c’était tout aussi radical »

« Je ne peux que me réjouir de voir que le relais est pris. Il n’y a pas de radicalisation des mouvements écologistes : lorsque nous arrachions des plants d’OGM devant les gendarmes, c’était tout aussi “radical”. J’ai été condamné à 100 000 € de dommages et intérêts et trois mois de prison avec sursis. Je savais ce que je risquais. En ce sens, il n’y a donc rien de nouveau sous le soleil, sinon que le ciel est devenu beaucoup plus menaçant. Le fait que cette menace existentielle soit beaucoup plus pressante rend cette génération beaucoup plus consciente de l’enjeu. Nous n’étions pas dans l’urgence, alors que la jeune génération sait désormais très bien que la lutte contre le réchauffement est une course contre la montre.

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Est-ce que la démocratie utilise tous les moyens qui sont à sa disposition pour gagner cette course ? Je ne suis pas sûr : ce n’est pas en envoyant 1 500 policiers qu’on arrange ça. Les premiers que l’on doit dénoncer, ce sont des gens comme Darmanin, qui mettent de l’huile sur le feu. On ne peut faire de parallèle entre des écologistes et des terroristes islamistes qui ont ensanglanté le pays. C’est une forme d’indécence et d’irresponsabilité. Et ce, alors que la première violence vient de ceux qui exploitent les ressources à leur seul profit, sans vouloir les partager. »

José Bové

« Sans ce spectaculaire, les médias et le grand public ne s’intéressent pas au débat »

« Des actions chocs comme celles de Dernière Rénovation, si on remonte dans les cinquante dernières années, il y en a toujours eu. Ce sont des actions de sensibilisation de l’opinion par rapport à un risque grave et imminent. Finalement, elles ne détruisent rien, et tiennent seulement au symbole : le télescopage de la conservation du bien commun qu’est l’art et du bien commun qu’est l’environnement. Il y a une forme de recherche du spectaculaire, mais, sans cela, les médias et le grand public ne s’intéressent pas au débat. En 1972, on a emmené des brebis sous la tour Eiffel : ç’avait fait la une de beaucoup de journaux.

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