Publié le 4 janvier 2023
Bonne année d’indignation et d’action!
- Vous adorez comprendre le lobbying des coopératives agricoles, des fonds financiers, du syndicalisme agricole, des multinationales de l’agrochimie…Cette série en deux saisons est pour vous!
- Vous vous passionnez pour les imbrications des politiques avec les lobbies, la santé environnementale est votre cauchemar, l’activisme écologique vous interpelle, cette série enlevée et réaliste (hélas…) vous concerne!
Jeux d’influence – Les combattantes – Saison 2 – La journaliste Claire Lansel et une activiste écologiste enquêtent sur les méfaits d’une entreprise agricole.
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Critique Télérama – Regardez “Jeux d’influence” en replay sur Arte.tv (telerama.fr)
« Un agriculteur tombe malade… Puissants lobbys, député anti-pesticides, journaliste un peu trouble vont alors s’affronter. Le documentariste Jean-Xavier de Lestrade réussit une fiction inspirée de faits réels, qui révèle avec subtilité la fragilité des convictions de chacun.
Il ne faut jamais sous-estimer les papiers égarés qui prennent la poussière au fond de nos tiroirs. Et Jean-Xavier de Lestrade le sait mieux que personne. En 2011, le documentariste de renom (Un coupable idéal, Soupçons) passé à la fiction reçoit de son père une coupure de presse issue des pages du quotidien local Sud-Ouest, accompagnée d’un petit mot : « C’est intéressant, tu devrais peut-être suivre, non ? » « L’article évoquait un agriculteur charentais, Paul François, qui avait décidé d’intenter un procès à Monsanto après être tombé dans le coma en nettoyant sa cuve de désherbant, se souvient Jean-Xavier de Lestrade. Mon père, né en 1937, lui-même agriculteur dans le Gers depuis l’âge de 16 ans, a vécu toute cette époque marquée par l’arrivée des machines, des engrais… Il a vraiment cru en ce modèle. Moi, j’ai grandi dans une ferme, au milieu des champs et des pesticides… »
A défaut de suivre à la lettre le conseil paternel, le réalisateur sauve le morceau de papier de la corbeille, et l’oublie, jusqu’à ce qu’une discussion de 2013 avec Antoine Lacomblez, son scénariste fétiche, lui rafraîchisse la mémoire. « Nous avions une envie commune : imaginer une série politique, qui tournerait autour du pouvoir des lobbys. L’article a alors ressurgi, et avec lui l’idée de s’intéresser au monde rural. Cet embryon d’histoire a fusionné avec un autre. » « J’avais été captivé par l’affaire du Carlton de Lille, raconte Antoine Lacomblez. Comment un homme de convictions peut-il les perdre, en cédant du terrain jusqu’à finalement se trahir lui-même, sans peut-être même s’en rendre compte ? Est-il possible qu’il se redresse ? Ce sont ces questions que nous avons voulu poser. »
Ainsi est née Jeux d’influence, nouvelle série en six épisodes diffusée par Arte à partir du 13 juin. Une plongée tout en nuances de gris dans les rouages du pouvoir, les tractations politico-industrielles et les mystères de la conviction humaine où, outre la figure d’un agriculteur malade (Christophe Kourotchkine), l’on croise celle d’un député engagé dans la lutte contre les pesticides (Laurent Stocker) que les circonstances vont pousser à s’accommoder de certains principes.
Au plus proche de la vérité humaine
A cette trame se superposent les trajectoires d’une journaliste politique pragmatique (Alix Poisson) recrutée par un puissant cabinet de lobbying à la solde de l’industrie phytosanitaire, d’un assistant parlementaire emporté (Pierre Perrier), d’un avocat au cynisme illimité (Jean-François Sivadier) ou encore d’une jeune fille assoiffée de vérité (Marilou Aussilloux)…
« Ce n’est pas uniquement une série politique, tient à préciser le réalisateur. Certes, l’un des protagonistes est un parlementaire, ce qui place l’intrigue au cœur de ce sujet passionnant qu’est la prise de décision politique — comment se fait-elle et sous quelles influences ? Mais tous les personnages sont, à un moment ou à un autre, confrontés au pouvoir de choisir, d’agir, d’aller à l’encontre de ce qui est établi, et donc, à la question plus universelle du courage… »
Et c’est exactement là, juge Antoine Lacomblez, que réside la plus-value de la fiction sur le documentaire. Un genre dans lequel a plus d’une fois excellé son coauteur et qui a vu fleurir plusieurs films exemplaires sur les dessous des lobbys et les manœuvres retorses de certains grands groupes. « La fiction apporte le principe de l’identification. Soit, dans Jeux d’influence, la possibilité pour tout un chacun de se mettre dans la peau d’un député assailli de dilemmes ; dans celle d’une journaliste qui n’a plus de travail et consent à se compromettre ; dans celle du fils d’un agriculteur malade pour qui sauver ses intérêts implique de désavouer son père. »
Une fiction documentée
Jean-Xavier de Lestrade avance un autre argument pour justifier le choix de la fiction. « Les documentaires comme ceux que signe par exemple la réalisatrice Marie-Monique Robin marchent bien à la télévision, mais ils s’adressent à une audience déjà concernée par la problématique, qu’il s’agisse de santé publique ou d’intérêts industriels. En réalisant une fiction, j’ai l’ambition de toucher un public différent, qui vient avant tout chercher du romanesque. Si le documentaire fait essentiellement appel au raisonnement, en particulier sur ce type de sujet, la fiction agit sur le sensible, et laisse des traces émotionnelles plus durables… En tout cas, je l’espère ! »
Toute œuvre romanesque qu’elle est, Jeux d’influence n’en demeure pas moins, comme tous les projets fictionnels de ses deux créateurs, aussi précisément documentée que puissamment nourrie de réel. Scripts validés auprès d’élus et de lobbyistes, mise en scène de certaines expériences scientifiques renvoyant directement à d’authentiques études menées dans le secteur de l’agrochimie (comme celle du professeur Séralini sur les OGM), manœuvres d’intimidation gravissimes et néanmoins calquées sur celles relatées par certains chercheurs, et logique immersive pour certains membres du casting.
A l’image d’Alix Poisson, une nouvelle fois bluffante dans ce rôle « trouble, ni sympathique ni antipathique », écrit pour elle, qui nous expliquait sur le tournage de la série à Roubaix, en mars 2018, avoir « trouvé une bonne raison de lire assidûment la presse, d’engloutir les livres d’enquêtes, de rencontrer des journalistes politiques » et même de réaliser un stage au sein du service police-justice d’un grand quotidien ! Le jeu en valait la chandelle. »
Voir les deux saisons de la série, aussi!
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