Santé-Ecologie
Publié le 10 juin 2020
Le déconfinement voit le retour de certains comportements déplorables en termes de consommation. Pointée du doigt avec la maladie, la malbouffe reprend son souffle, voire des forces. Une réalité qui appelle à une mobilisation politique (par Perico legasse).
On a de bonnes raisons d’espérer que la pandémie de Covid-19 aura marqué les consciences de ceux qui se croyaient à l’abri d’un aléa aussi inattendu. Puisse-t-elle les ouvrir au point de leur faire évacuer à jamais les dérives les plus nocives. Beaucoup ont admis que rien ne serait plus tout à fait comme avant et que l’alerte mérite d’être prise au sérieux. Cela fait longtemps que cette planète envoie des signaux de détresse qui nous alertent sur nos excès et nos abus. Jusqu’ici symbole de progrès et de modernité, le « tout, tout le temps, partout » est désormais un gage de désastre annoncé. Un récent sondage d’OpinionWay indique que 55 % des Français ont décidé d’adapter leur comportement de consommateur à l’issue du confinement en intégrant des paramètres jusqu’à présent ignorés, notamment vers des produits d’occasion. Comme s’il était enfin admis que la notion de neuf impliquait des effets pas forcément compatibles avec les enjeux environnementaux, comme si l’on comprenait enfin que jeter quelque chose qui fonctionne sous prétexte que c’est usé, ou trop vieux, peut abîmer notre monde. Nombreux sont les indicateurs à avoir révélé que la société de consommation n’est pas étrangère aux fléaux qui frappent l’humanité.
Pour autant, il n’y a pas matière à être totalement rassuré, au contraire. En se précipitant en masse sur ce dont ils ont été privés pendant cinquante-cinq jours, certains se comportent comme des fauves en cage auxquels on rouvre les grilles de la liberté. Détail significatif, la vitesse à laquelle certains roulent comme pour rattraper le temps perdu, notamment sur les parkings des grandes surfaces… L’affluence suscitée par la réouverture des fast-foods en drive au début de mai avait déjà donné le ton. Des addictions en l’ébranlement desquelles on aurait pu croire s’avèrent plus tenaces que jamais.
SENTIER DE LA FACILITÉ
Combien de ceux qui déclaraient avoir décidé de revoir leur façon de s’alimenter vont-ils tenir parole ? Le commerce durable, les circuits de proximité, les magasins bio avaient connu une affluence sans précédent, avec des visages et des profils nouveaux. Reverront-ils cette clientèle avec le retour à la normale ? Rien n’est moins sûr. Peut-être une partie, mais les autres auront retrouvé le sentier de la facilité.
Tel épicier de village, apprécié pour la qualité de ses produits, qui s’entendait dire « nous reviendrons, car il vaut mieux payer un petit peu plus cher une meilleure qualité, quitte à en prendre un peu moins » en a vu pas mal, mettant leurs engagements en sourdine, repartir illico vers Carrefour, Auchan ou Leclerc. Non pas que la grande distribution doive être bannie, elle est pour l’heure incontournable, mais parce que l’on peut aussi apprendre à faire en partie sans elle. Il va de soi que la malbouffe, dont on sait aujourd’hui – nous ne nous lasserons jamais de le répéter encore et encore – qu’elle a, via le diabète et l’obésité, aggravé la morbidité du Covid-19 dans des proportions terrifiantes (plus de 80 % des malades en réanimation étaient en surpoids), a donc de beaux jours devant elle. Que penser de cette campagne publicitaire incitant les Français à se tourner vers les fruits et légumes sans préciser lesquels ? Encourager le consommateur à manger des tomates et des fraises provenant de pays où l’agriculture chimique fait des ravages va-t-il dans le sens de l’histoire ? Peu probable.
Quelle catastrophe faudra-t-il donc subir pour que nos concitoyens comprennent que c’est là, tout de suite, que les choses doivent changer ? Ceux pour lesquels ce réflexe est acquis sont exemplaires, mais ils sont minoritaires. Puisque le drame n’a pas suffi tout le monde, l’enjeu devient désormais politique. Gageons que des forces convergentes, auxquelles Marianne apportera évidemment son soutien, vont agir en ce sens. Une porte s’ouvre.
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