ZFE – Quand les Zones à Faibles Emissions (de particules) deviennent Zones à Forte Exclusion

Santé-Ecologie
Publié le 19 février 2025

Mais comment a-t-on pu en arriver là? D’une mesure destinée à faire mieux respirer la population et surtout en métropoles et bassins de plus de 150 000 habitants, on en arrive à un rejet populaire d’une mesure sanitaire…Pour le CADE, il n’y a pas lieu de contester la nécessité d’éviter les émissions de véhicules polluants, traversant des zones urbaines denses, où la population vit des problématiques sanitaires: car, avec la qualité de l’eau, quoi de plus vital que la qualité de l’air que l’on respire? Mais ce n’est pas ce qui fait problème. Déjà en 2023, trop de questions se trouvaient sans réponse – VIDEO:  ZFE : de plus en plus impopulaires aux yeux des Français (interdits de circuler: voiture dotée d’un moteur diesel et mise en circulation avant 2011, véhicules dotés d’un moteur essence et mis en circulation avant 2006. Modèles sanctionnés par la vignette Crit’air 3: 14,3 millions de véhicules, soit 41 % du parc automobile français…).

Voici une carte de ces ZFE, qu’il faudrait croiser très finement avec une autre carte, celle des 11 millions de personnes ne disposant pas de transport en commun:

(carte issue de:  En France métropolitaine, onze millions de personnes vivent éloignées des transports en commun) – « Mettre la charrue avant les boeufs »… c’est bien là l’expression qui convient dans ce dossier où le sentiment populaire d’injustice domine et annihile l’acceptation d’une loi visant à définir des zones protectrices de faibles émissions de particules toxiques, issues de la combustion dans le fonctionnement thermique des moteurs (mise en oeuvre au 1er janvier 2025).

La politique et ses lois sont bien là pour protéger, c’est leur mission d’intérêt général. Mais pour ce faire, quelques conditions sont nécessaires à l’acceptabilité par tous: notamment ne pas rendre impossible la vie des gens habitant en milieu urbain et en périphérie, mais aussi en rural déjà défavorisé pour les mobilités et nécessitant l’accès aux « services » urbains / ne pas discriminer socialement devant la loi / ne pas favoriser une population plutôt qu’une autre en dérogeant à la loi / penser les alternatives avant l’interdiction / ne pas faire une loi en contradiction avec la liberté de polluer d’autres transports / etc.

 Les ZFE, c’est aujourd’hui devenu l’histoire d’une interdiction incomprise, clivante et socialement inacceptable: on en est là! Et conséquemment, un vent de révolte s’est levé rapidement en France (dès 2023 et les jours derniers), au fur et à mesure que les contrôles de véhicules, avec amendes à la clef, étaient annoncés. Ainsi une pétition nationale est montée en flèche, sur l’Agglo paloise une autre pétition locale avec site facebook est lancée, sur l’Agglo du Pays Basque une page facebook obtient en quelques jours plus de 1200 adhérents…Car que penser de l’interdiction de circuler pour des gens qui n’ont socialement pas les moyens d’acheter un véhicule « propre », et n’ont matériellement pas d’autre alternative pour accéder à leur travail, leur domicile, aux services de la vie courante, aux loisirs, à une vie sociale… interdits de circulation sous peine d’amende, ce qui n’arrangera évidemment rien: les dérogations ajoutant paradoxalement au sentiment d’injustice.

Nous vous laissons prendre connaissance de plusieurs liens qui réfèrent aux problématiques soulevées, mais une chose est sûre, que nous soyons concernés ou non: mettre en place des mesures écologiques doit se faire avec la plus grande acceptabilité des populations impactées; il ne s’agit pas de « pondre des lois » descendantes! Il convient en revanche de travailler bien en amont avec l’ensemble de la population, projets puis lois et conséquences qui en découlent tout autant que les alternatives, faute de quoi on ne pourra qu’être affligé que les mesures d’écologie n’apparaissent que punitives, là où elles sont l’avenir pour mieux vivre: et cela nous afflige, bienvenue en Absurdie… Pour les ZFE, un moratoire à minima s’imposerait: mais l’Etat (cf. U.E) pousse son calendrier.

En exemple des difficultés au Pays Basque, il est bien sûr objectif de croiser l’injonction de mettre en oeuvre cette réglementation ZFE avec l’étude de l’ARS demandée par la CAPB: Impact sanitaire de la pollution atmosphérique sur le territoire de l’agglomération de Bayonne

– L’Agglo (CAPB) tenait d’ailleurs réunion avec vote ce 15/02, tandis qu’y assistaient des contestataires, une réunion assez tendue du fait d’élus partagés et de citoyens brandissant leur opposition: vote 96 voix pour, 47 voix contre et 64 abstentions; la CAPB a adopté un arrêté de mise en oeuvre ZFE au 1er juin, pour les communes de la zone littorale à l’Ouest de l’autoroute (de Tarnos à Hendaye) « après consultation des habitants et des acteurs économiques » est-il dit; deux réunions publiques ont été organisées avec assez peu de contributions (259). Quelques semaines de gagnées (on est loin d’un moratoire), comprenant le délai permettant de se procurer l’obligatoire vignette Crit’Air… si 4 à 5% d’habitants concernés peut paraître peu, il reste que sont pénalisés les bas et moyens  revenus ainsi que les péri-urbains et ruraux n’ayant éventuellement pas de transport alternatif adapté et devant traverser cette ZFE, ce qui reste un gros problème mais n’a apparemment pas été décisionnaire (un prochain Conseil communautaire envisagerait quelle aide peut leur être apportée, il est bien temps…). La ZFE, ce sera tous les jours, de 06h à 20h. Les touristes n’ont qu’à bien se tenir et vive l’avènement de l’ère des caméras! (lire plus bas l’extrait d’article de Mediabask, sur les dérogations et les contrôles) – – DécisionUne ZFE adoptée dans le Pays Basque avant l’été : voici toutes les communes concernées ! . Un article C.R. de Mediabask partiellement relayé ci-dessous: Zone à faibles émissions : l’Agglo ralentit quelque peu | Euskal Herria | MEDIABASK

 

Zone à faibles émissions : l’Agglo ralentit quelque peu

« Place ensuite aux dérogations. En plus de celles accordées à une large partie des véhicules de professionnels et de collection, trois nouvelles font leur apparition : une « pour les travailleurs en horaires décalés qui, au moins 24 jours par an, commencent ou finissent leur activité professionnelle entre 19 heures et sept heures » ; une autre « pour les « petits rouleurs » parcourant moins de 8 000 kilomètres par an » ; puis une dernière « pour le transport d’animaux vivants, dans le cadre d’une activité économique ». Pour les autres, c’est le statu quo. Sans vignette Crit’Air numérotée en dessous de cinq sur le pare-brise, c’est la contravention. Comme aime à le répéter la CAPB, seuls 4 % des véhicules immatriculés au Pays Basque Nord seront concernés.

« Le contrôle [des véhicules et de toutes ces dérogations] va être un problème, reconnaît Jean-François Irigoyen. Normalement, dans la réglementation faite par l’État, tout cela est censé se faire avec des caméras sauf que rien n’a encore été voté. Donc, honnêtement, les contrôles risquent d’être peu fréquents jusqu’à l’arrivée de ces caméras, dont on ignore encore la date de leur mise en place ». »

LIRE AUSSI: compte rendu du Conseil d’Agglo de janvier EXTRAITS JOURNAL SUD OUEST dont ZFE

À partir du 1er janvier 2025 restrictions de circulation pour les véhicules dotés d’une vignette Crit’air numéro 3 dans leurs ZFE. En effet, à partir de cette date, il vous sera désormais interdit de circuler si vous possédez une voiture dotée d’un moteur diesel et mise en circulation avant 2011, mais aussi les véhicules dotés d’un moteur essence et mis en circulation avant 2006. Ce sont donc des modèles relativement récents : les véhicules sanctionnés par la vignette Crit’air 3 représentent pas moins de 14,3 millions de véhicules, soit 41 % du parc automobile français…

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