Publié le 4 février 2019
La loi dite « Abeille » a confié à l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) de nouvelles missions afin de concilier l’information du public et le déploiement rapide des réseaux numériques. Ainsi l’ANFR a publié des brochures destinées au grand public et aux élus.
Il est intéressant de remarquer dans la brochure destinée au grand public que le compteur Linky semble poser quelques problèmes à l’ANFR.
En effet si l’on se réfère au lien indiqué ci-dessus on constatera à la page 3 que les valeurs limites d’exposition qui y sont indiquées sont les suivantes :
Et aucune indication n’est donnée concernant le Linky.
Or, ayant obtenu la même information il y a quelques jours déjà, à l’aide d’un lien différent, le document destiné au grand public donnait lui, à la page 2, les valeurs limites d’exposition suivantes[1] :
dans lesquelles le compteur apparaissait.
1. Quelques remarques sont à faire
1.1 Le grand public est, pour l’ANFR, divisé en deux familles
Il semble tout d’abord que le grand public, suivant la dénomination de l’ANFR, est un ensemble de deux familles. La première pour qui le Linky existe et dont elle peut savoir quelle sont les limites d’exposition aux rayonnements électromagnétiques générés par ce compteur, et la seconde pour qui l’ineffable Linky est ignoré.
1.2 L’ANFR ignore toujours le CPL émis par le Linky
Comme on peut le noter sur la figure précédente l’ANFR ignore le CPL.
Les campagnes et tests qui ont été pratiqués (Enedis et CRE, ANFR[2]) n’ont donné lieu qu’à des mesures à 20 cm du compteur Linky. Elles n’ont jamais considéré l’impact du CPL G3 (30-90,6 KHz) dans le réseau électrique d’une habitation et que c’est ainsi que tout ce réseau qui est émetteur de champ électromagnétique au sein de l’habitation et non pas uniquement le compteur. Les résultats d’une thèse de doctorat prouvent même que ces émissions se réverbèrent sur les parois du logement[3].
Le dossier d’évaluation de l’expérimentation Linky[4] mentionnait d’ailleurs en page 28 la nécessité d’utilisation de filtres en indiquant que leur taille ne permettait pas de l’intégrer dans le boitier du compteur.
Seule l’ANSES, dans son dernier avis révisé de juin 2017[5], avis basé sur les révélations des travaux effectués en fin 2016 par le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment)[6] reconnaît le caractère partiel de ses précédents avis et recommande de procéder à des essais complémentaires.
D’ailleurs un des résultats des travaux menés par le CSTB est tout à fait extraordinaire et montre que ce n’est pas uniquement le CPL émis par le compteur de l’habitation dont il faut tenir compte mais des différents CPL émis par les compteurs avoisinants
1.3 La référence de 87 V/m indiquée par l’ANFR
La référence de 87 V/m est relative au niveau de référence indiqué dans le Décret n°2002-775 du 3 mai 2002 pris en application du 12° de l’article L. 32 du code des postes et télécommunications et relatif aux valeurs limites d’exposition du public aux champs électromagnétiques émis par les équipements utilisés dans les réseaux de télécommunication ou par les installations radioélectriques[7] et concerne le champ électrique pour la gamme de fréquence 3-150KHz, gamme de fréquence du CPL.
Cela démontre bien, si cela était nécessaire, que l’ANFR connait parfaitement le CPL émis par le Linky, mais ne veut pas tenir compte du champ électromagnétique créé par le CPL dans le réseau électrique privé de l’habitation.
1.4 Les valeurs limites d’exposition du Décret n°2002-775 du 3 mai 2002
Ces valeurs limites sont établies en considérant le champ électromagnétique émis par une source radioélectrique unique, en déterminant l’impact potentiel sur une section de 1 cm2 de tissu contigu, placé perpendiculairement à la direction du courant, et le DAS (Débit d’absorption spécifique) est mesuré pendant un intervalle de temps de 6 minutes.
2. Une question persiste
Dans le cas du CPL parcourant tout le réseau électrique d’une habitation, les sources de champ électromagnétique sont représentées par chaque centimètre de fil électrique conduisant du CPL et émettant un champ électromagnétique.
Dans le cas extrême d’une chambre à coucher, un fil électrique étant proche du lit (celui qui alimente une veilleuse par exemple), la durée moyenne d’un sommeil étant d’environ 6 heures et la personne se reposant pouvant être aussi bien un adulte qu’un enfant, ces valeurs limites sont elles vraiment applicables au cas du CPL émis par le Linky de l’habitation et par ceux des Linky avoisinants ?
A lire:
[1] https://www.anfr.fr/fileadmin/mediatheque/documents/expace/ANFR-Brochure-exposition-aux-ondes.pdf [2]https://www.anfr.fr/fileadmin/mediatheque/documents/Communiques_Presse/2016_09_22_communique_de_presse_compteur_Vd%C3%A9f2.pdf [3] Thèse Amilcar Maescot https://tel.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/983504/filename/These_Amilcar_Mescco_2014_04_18.pdf [4] https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=2ahUKEwjJ__v20YjgAhXyx4UKHVzXAVIQFjAAegQICRAC&url=https%3A%2F%2Fwww.cre.fr%2FDocuments%2FDeliberations%2FCommunication%2Fresultats-de-l-experimentation-linky%2Fdossier-sur-l-experiementation-linky-juin-2011&usg=AOvVaw2NSPR3FlgR2zFQIn2R-U_n [5]https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2015SA0210Ra.pdf [6]https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2015SA0210Ra-Anx1.pdf [7] https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT00000022640
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