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Pire que les golfs et les piscines, les fuites d’eau responsables de pertes considérables (Marianne)

Santé-Ecologie Ustaritz
Publié le 9 août 2022

Alors qu’une centaine de communes est privée d’eau potable, l’arrosage des golfs et l’entretien des piscines privées sont de plus en plus pointés du doigt. Ce sont pourtant loin d’être les plus gros gaspilleurs d’eau…

Jamais le sol n’a été aussi sec. Jour après jour depuis la mi-juillet, la France bat des records de sécheresse. Cette semaine, le pays entre dans la quatrième vague de chaleur de l’été. Les mois précédents ont été anormalement chauds et secs sur une bonne partie du territoire. « Le changement climatique, du fait de l’augmentation de l’évaporation liée à la hausse des températures, renforce l’intensité et la durée des sécheresses des sols », contextualise Météo France sur son site.

En conséquence, plus d’une centaine de communes n’ont plus d’eau potable et sont ravitaillées par camions. Quelque 93 départements sont à ce jour concernés par des restrictions. Cette situation devrait s’aggraver, dans les prochaines semaines. L’heure doit donc être à la réduction de la consommation d’eau. Et certains usages sont davantage pointés du doigt.

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Les activités récréatives jugées très gourmandes, comme les piscines ou le golf, sont particulièrement ciblées par les décideurs politiques. En pleine sécheresse, le maintien de ces activités paraît absurde. Et pourtant, elles ne sont pas à l’origine des pertes les plus importantes d’eau potable.

En France, on prélève environ 40 milliards de m³ d’eau par an, dont une grande partie est restituée au milieu naturel. Chaque habitant consomme en moyenne 148 litres d’eau par jour, pour sa consommation domestique, soit 54 m³ par an. Mais avant d’arriver dans le robinet du consommateur, un litre sur cinq en moyenne est perdu à cause de fuites, selon un rapport de l’observatoire des services publics d’eau et d’assainissement. De quoi nuancer les pertes liées à l’entretien des piscines ou des terrains de golf.

PISCINES : « 10 % DE LA CONSOMMATION D’UNE PERSONNE »

Les professionnels du secteur l’assurent, la consommation d’une piscine est « toute relative ». Sur son site, la Fédération des professionnels de la piscine (FPP) estime que l’eau utilisée pour remplir les piscines privées ne représente que 0,1 % de la consommation totale française. En supposant le renouvellement annuel d’un tiers du bassin, « la consommation en eau d’une piscine familiale moyenne de 4×8 m correspond à environ 15 m3 par an », affirme la fédération. Soit 10 % de la consommation domestique d’une famille composée d’un couple et de deux enfants, selon les estimations de la FPP.

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Des calculs corroborés par le spécialiste des problématiques de l’eau, Nicolas Roche, interrogé par le JDD. Pour le professeur à l’université d’Aix-Marseille, une piscine représente « entre 10 et 15 % de la consommation annuelle d’eau d’une personne », pointe-t-il. Un usage qui ne serait pas si important, si on le compare à l’arrosage des pelouses. « L’arrosage régulier ou immodéré par les particuliers fait bien plus de mal en termes de surconsommation. L’impact d’une piscine, à l’échelle d’un ménage, est ponctuel puisqu’elle se remplit pour 5 à 10 ans », abonde auprès de Marianne, Eric Bréjoux, chef du service eau au sein de l’OFB (Office de la biodiversité).

En attendant, la piscine privée est plébiscitée par de plus en plus de Français. La FPP recense près de trois millions de piscines privées en France. Celles-ci sont particulièrement situées dans le sud-ouest et le sud-est de la France, où la pression sur l’eau potable est déjà importante. Pour limiter cette consommation, Nicolas Roche dresse une piste dans le JDD : réfléchir à une « tarification différenciée » de l’eau.

GOLF : PEU D’EAU MAIS POUR UN TOUT PETIT NOMBRE

L’arrosage des terrains de golf ne représente pas non plus une consommation majeure de l’eau en France. Deux estimations officielles existent à ce jour pour la mesurer. En 2003, le sénateur socialiste Gérard Miquel calcule un prélèvement moyen d’eau, « tous golfs confondus », à 6800 m3/an. « En extrapolant les données de 1992-1995, on peut estimer la consommation totale d’eau liée à l’irrigation des golfs en 2002 à 36 millions de m3 soit la consommation annuelle d’une ville de 500 000 habitants », ajoute-t-il. Dix ans plus tard, en 2013, un rapport du ministère de l’Écologie et de la Fédération française de golf (FFG) sur la préservation de l’eau fait état de 29,3 millions de mètres cubes d’eau consommés par an pour 8 500 hectares irrigués. Ce chiffre est mis en avant par la fédération afin de souligner les efforts consentis pour réduire la consommation d’eau.

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Cette consommation représente certes moins de 0,1 % des 40 milliards de mètres cubes d’eau prélevés en un an. Mais elle doit être mise en relation avec le nombre de pratiquants. La FFG a enregistré 436 846 licenciés en 2021, auxquels il faudrait ajouter les pratiquants non licenciés ou occasionnels. Si on ne prenait en compte que ce nombre connu de 436 846 pratiquants, chacun d’entre eux serait responsable de l’utilisation de 67 m3 d’eau par an, soit plus que sa consommation domestique annuelle. On comprend pourquoi les dérogations accordées pour arroser les greens de golfs peuvent agacer quand on demande au Français moyen de faire des efforts sur sa consommation d’énergie.

FUITES : 1 LITRE D’EAU SUR 5 EST PERDU

Les consommations d’eau des piscines ou des golfs peuvent paraître excessives, voire scandaleuses, en cette période de sécheresse historique. Mais, en France près de 20 % de l’eau est gaspillée avant d’avoir atteint le consommateur. En clair, le réseau de distribution de l’eau fuit. Le précieux liquide n’est pas perdu, puisqu’il retrouve les nappes phréatiques, mais ces pertes ont un coût important pour les collectivités locales.

Selon l’observatoire des services publics d’eau et d’assainissement, en 2020 « les pertes par fuite représentent près de 937 millions de m3 ». Soit l’équivalent de la consommation annuelle « d’environ 18 millions d’habitants ». Les causes de ces fuites sont très diverses. Certaines tiennent au manque d’entretien d’un réseau parfois très ancien. D’autres fuites sont liées aux mouvements de la terre, qui se gonfle lorsqu’il pleut, et se rétracte quand le sol est sec.

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La réparation et l’entretien du réseau pèsent dans le budget de certaines collectivités locales, qui n’ont pas toutes entrepris les travaux nécessaires. Un kilomètre de canalisation d’eau en ville coûte entre 400 000 et 800 000 euros, selon la fondation France Libertés. En 2013, un décret a été mis en œuvre pour réduire ces fuites, en imposant aux collectivités locales de mieux connaître leur réseau et de parvenir à un seuil minimum de rendement de 85 %. Soit 15 % de fuites maximum, le « zéro fuite » étant un objectif irréaliste. Mais depuis 2014, le rendement stagne à 80 %.

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