Projet E-CHO – Des conflits d’usage: impact sur la forêt, et focus sur la gourmandise en eau

Agriculture/Environnement Santé-Ecologie Ustaritz
Publié le 4 avril 2025

Poursuivant notre travail associatif de décryptage de ce projet, il nous semble intéressant de porter à votre connaissance quelques contributions modérant l’enthousiasme, s’il en est, en continuant de pointer les potentiels conflits d’usage que porte en lui, et particulièrement, le projet E-CHO (bassin de Lacq).

On rappelle que ce type de projets industriels provient d’une demande gouvernementale avec fonds publics, relayant là l’exigence européenne de décarbonation des carburants à l’usage de l’aviation: bifurquer vers la biomasse semble être aujourd’hui la seule alternative techniquement aboutie pour se dégager des carburants fossiles; sauf à faire moins voler les avions, la sobriété reste un voeu pieu. Nous voulons le répéter, mais en sachant que cette alternative intéresse les industriels qui multiplient les initiatives: c’est un fait, la question n’est pas à l’ordre du jour comme elle devrait l’être! Force est alors de combattre des projets qui bousculeront de fragiles équilibres environnementaux. De son côté, le lobby des avionneurs n’est pas en reste: un article des Echos nous apprend que « L’association des compagnies aériennes européennes estime désormais que les objectifs réglementaires européens en matière de carburants d’aviation durable ne pourront être atteints en 2030, faute de production suffisante. Réunis à Bruxelles, (ils) ont appelé la Commission européenne à reconsidérer la mise en oeuvre du plan Refuel EU, qui fait notamment obligation aux compagnies européennes d’utiliser un pourcentage croissant de carburant d’aviation durable (CAD) d’ici à 2050. » La pression est énorme! Un savoureux article de  en témoigne, nous vous en laissons juges: Aveugle au changement climatique, Bayrou appelle à prendre l’avion

1 – Impact sur la forêt, la biomasse, et conflit d’usage avec les réseaux de chaleur – Le Conseil communautaire Pays Basque, le 29/03 , a voté une motion pour la préservation des ressources forestières et contre les prélèvements de biomasse sur la forêt basque, induits par le projet E-CHO. Le Plan d’Approvisionnement Territorial a permis d’identifier les potentiels, les coûts d’exploitation et de mobilisation du bois valorisé dans les réseaux de chaleur existant ou à venir. Il s’avère que cette production, évaluée à 286 000 tonnes par an, est nécessaire pour alimenter les réseaux de chaleur existants et en projets sur le territoire […] De son côté, l’entreprise Elyse Energy évalue son besoin en biomasse à 300 000 tonnes par an et envisage de mobiliser le bois issu des forêts locales, comprises dans un rayon de 200 km autour du site. Les massifs forestiers du Pays Basque sont ainsi inclus dans le périmètre de ce projet. En conséquence, la CAPB se déclare opposée au projet, et reste attachée à la gestion territoriale de la forêt et de la biomasse:  Motion E-CHO votée en Conseil communautaire de la CAPB

2 – Impact sur l’eau et raréfaction de la ressource – Le Conseil communautaire s’est également inquiété des volumes prélevés dans le Gave, évalués à 3,5 millions de m³ nets consommés, utilisés dans le process puis rejetés à une température plus élevée, non sans effets potentiels en période d’étiage et sur le milieu aquatique à salmonidés nécessitant de l’eau froide (notons que pour le même bassin Adour/Garonne, d’autres projets ne seront pas non plus sobres en eau, voir l’article sur le projet ReSTart à Tartas 40 par exemple).

 Il convient donc d’examiner de plus près un autre volet de ce projet E-CHO sur lequel nous vous sensibilisons, à l’aide d’une fiche de « Forêts vivantes », l’association amie opposée au projet également: elle analyse à la fois les données fournies par Elyse Energy (consommation 7 Mns m3/an,  nette minimale prévue de 3,5 Mns de m3/an, équivalant à celle de 80 000 habitants) et les observations de l’Agence Adour Garonne, inquiète elle aussi. En synthèse, l’économie circulaire de l’eau n’est pas envisagée, tandis que d’autres usagers (industriels, agriculteurs, particuliers) se voient contraints de réduire leurs prélèvements: le projet E-CHO ne correspond pas à une mise en compatibilité avec le Plan de Sobriété national, qui prévoit une baisse globale des prélèvements en France de 10 % d’ici 2030. Par ailleurs, le Gave est soumis à étiage et donc variation de débit, quand E-CHO mise sur un débit constant. LIRE Eau – Forêts Vivantes Pyrénées ,

et aussi le lien vers le cahier d’acteur de l’Agence de l’eau : Agence de l’eau Adour Garonne – délégation Adour et côtiers – Réaction sur le projet E-cho

LIRE DANS LES MEDIAS:   Bassin de Lacq : l’Agence de l’Eau s’interroge à son tour sur le projet E-CHO d’Elyse Energy – ici

« E-CHO n’est pas le bon projet pour réindustrialiser le site de Lacq » | Pays Basque | MEDIABASK

Et déjà en avril 2024, l’intéressant article :   E-CHO : un grand consommateur d’eau et de bois pour l’aviation

 

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